Article – Les catacombes de Paris par Émeline Michau pour Gaelis Éditions

Les Catacombes de Paris

 

Entrée Catacombes Paris-Gaelis ÉditionsRéparties sur trois cents kilomètres, les catacombes de Paris suscitent une curiosité constante depuis leur transformation en ossuaire. Cette face cachée de la ville dissimule aujourd’hui des pratiques et une culture méconnues qui ne manquent pas de danger pour les plus téméraires. Mille ans d’histoire et d’anecdotes se découvrent sous la vie parisienne.

 

Les catacombes de Paris, anciennes carrières souterraines, sont réparties principalement sous le 14e arrondissement et s’étendent sur environ trois cents kilomètres, reliées par des galeries d’inspection. Il est possible aujourd’hui d’en découvrir une partie grâce à un parcours officiel de 1,7 km sous la place Denfert-Rochereau. Les pierres des catacombes servaient autrefois à construire les bâtiments de la ville. Certaines des carrières ont cependant été consolidées à partir de 1777 car la ville menaçait de s’effondrer par endroits. Elles vont prendre le nom de « catacombes », en 1786, par analogisme avec les nécropoles souterraines de la Rome antique. Elles n’ont, par ailleurs, jamais servi de lieu de sépulture.

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Plan des catacombes de Paris en 1857.

À la fin du XVIIIe siècle, à cause des problèmes d’insalubrité qu’apporte la saturation des cimetières, notamment dans celui des Saints-Innocents, ces souterrains vont se transformer en ossuaire municipal. Les odeurs de décomposition des cadavres, l’affaiblissement des bâtiments ou l’effondrement des murs contigus au cimetière (comme celui d’une cave rue de la Lingerie), ont amené les autorités à chercher des solutions afin de rendre les rues plus saines. Cimetière Saints-Innocents-Gaelis ÉditionsSuite à ce constat général, un projet anonyme, publié à Londres en 1782, est présenté aux autorités de la ville de Paris et aux ecclésiastiques. Il propose d’utiliser une partie des carrières souterraines pour y installer un ossuaire. Acceptés quelques années plus tard, des aménagements vont commencer dans les carrières de la Tombe-Issoire, sous la plaine de Montrouge. Jusqu’en décembre 1933, mois du dernier transfert d’ossements connu, plus de six millions d’individus ont été évacués de divers cimetières.

Découverte d’un nouveau monde

Paris Catacombes Visites-Gaelis Éditions
Visite des catacombes vers 1860.

Ce lieu sous la surface de Paris suscite depuis une grande curiosité. Il est possible d’y descendre sur rendez-vous à partir de 1809. Comme aujourd’hui, un parcours était défini et encadré par des bougies jusqu’en 1983 où l’électricité est mise en service. Ce dernier a évolué au fil des siècles selon les aménagements et les travaux faits. Des personnes historiques y sont descendues : le futur Charles X avec les dames de la Cour en 1787, l’empereur d’Autriche François Ier en 1814, mais aussi Napoléon III avec son fils en 1860. La gestion de ces profondeurs est transférée à la direction des affaires culturelles de la Ville de Paris en 1983 et est officiellement un site consacré à l’histoire en mai 2002 géré par le musée Carnavalet.

Par ailleurs, malgré un parcours banalisé, cela n’empêche pas certains de s’aventurer au-delà du chantier, aujourd’hui comme à l’époque. Ces personnes appelées « cataphiles » sont plus intéressées par les catacombes dites interdites, car un monde et une culture totalement à part y évoluent. Le silence étant roi, ils y cherchent la tranquillité, à se couper totalement du monde extérieur. Certains y restent même plusieurs jours et y prévoient à manger. D’autres vont y faire la fête, retrouver leurs amis ou en rencontrer de nouveaux. Ce sont des pratiques et un art de vivre qui se développent surtout à partir des années 1970-1980. Dans ce silence sacré où le temps est perçu différemment, les passionnés d’aventure ne sont jamais déçus. Des fêtes se sont organisées : le 2 avril 1887, un insolite concert clandestin s’est produit avec une centaine de convives du monde parisien. Chacun a reçu une invitation indiquant l’entrée, la date et les mesures pour rester discret. Au XIXe siècle, des charlatans emmenaient des personnes de la bonne société afin qu’elles y rencontrent le « diable ». Avec des complices, ils se déguisaient, faisaient les bruitages, il y avait une réelle mise en scène pour qu’ils y croient. C’était un vrai spectacle vivant. Ces catacombes sont aussi devenues des repères, un lieu où l’on se sentait protégé. Les étudiants y descendaient pour contourner les CRS (compagnie républicaine de sécurité) en 1968. Puis, durant la Seconde Guerre mondiale, trois bunkers ont été bâtis dont un pour les collaborateurs et un autre pour les Allemands. On peut encore voir des inscriptions de l’époque.

Une culture souterraine

Catacombes_de_Paris_-_le_passe-muraille_Gaelis ÉditionsGrâce aux témoignages de cette communauté, mais aussi d’historiens, il est aujourd’hui facile de savoir ce qui se cache sous la surface sans prendre de risques. On y retrouve un patrimoine méconnu avec des dessins au fusain, des sculptures, des fresques, entretenus par ces amoureux des souterrains. Certaines parties de ces catacombes sont devenues populaires et incontournables. Parmi les lieux les plus évoqués, on peut découvrir l’espace appelé « La Plage » qui est connu pour sa représentation de la vague de Hokusai sur un des murs. Comme tout le reste des catacombes, au départ, on y prélevait la pierre. Catacombes_de_Paris_-_salle_du_bélier-Gaelis ÉditionsPuis, c’est devenu une brasserie pour se transformer ensuite en un abri de défense passive. Ce n’est que dans les années 1970 que le sol est recouvert de sable pour augmenter la hauteur. C’est de là que vient son nom. La « Salle Z » est un lieu de prédilection pour les fêtes entre cataphiles. Elle se différencie par des voûtes inspirées de l’art roman. Enfin, le château est célèbre pour sa grande salle ornée de gargouilles, avec une table ronde entourée de bancs et un chandelier en fer forgé en son centre.

Une aventure périlleuse

Les Catacombes de Paris-Gaelis ÉditionsMalgré l’attraction que ces profondeurs peuvent procurer, nombre de dangers s’y cachent. Les catacombes sont de vrais labyrinthes où certains sont morts. Comme Philibert Aspart, portier du Val-de-Grâce en 1793 qui a perdu son chemin dans les souterrains de Paris. En dépit de cela, on peut se cogner, glisser ou encore se coincer dans un trou. On y marche parfois longtemps le dos courbé, en rampant, ou en se faufilant dans des chatières et l’eau monte parfois jusqu’à la taille. De plus, certaines carrières s’effondrent. La police bétonne les entrées de la galerie, mais les cataphiles en trouvent toujours des nouvelles. C’est une bataille constante entre les forces de l’ordre et les cataphiles. Ainsi, une seconde vie se développe sous la surface où les classes sociales n’ont pas d’impact, où une histoire peu connue est inscrite, mais où il est dangereux de s’y aventurer.

Imagination et curiosité inassouvies

Fantasme ésotérique de la face sombre et cachée de la ville de Paris, les catacombes ont fait l’objet de nombreuses représentations cinématographiques, littéraires, mais aussi dans les jeux vidéo. Pour n’en citer que quelques-uns, le film d’horreur Catacombes de John Erick Dowdle sorti en 2014, le roman L’Equilibre du funambule de Céline Knidler ou encore le jeu vidéo The Saboteur où le joueur doit pénétrer dans les catacombes pour prévenir les résistants qui s’y cachent que les nazis les ont découverts. La curiosité et l’imagination autour de ces profondeurs ne diminuent pas avec le temps. Annabel s’est d’ailleurs inspirée des catacombes de Paris dans son nouveau roman des enquêtes de Louis Saincharle Investigation, Un Sale Coup pour la fanfare, sortie il y a quelques semaines chez Gaelis Éditions, pour y développer son intrigue.

 

Un Sale Coup pour la fanfare-Louis Saincharle Investigations-Annabel-Gaelis Editions

 

 

 

 

 

 

 

Le site des Enquêtes de Simon

Le site d’Annabel 

 

 

 

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