Personnages historiques de “La Nièce du Cardinal” par Linda SAYEG
Plus d’informations sur la saga historique de Linda Sayeg, “La Nièce du Cardinal “
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CONCINI Concino (1569-1617) : Époux de Leonora DORI dite GALIGAÏ, confidente et favorite de Marie de Médicis.
Fils de bonne famille, il suivit d’excellentes études à l’université de Pise, après lesquelles il dépensa tout son bien en jeu et en filles. Ce qui l’amena à entrer comme croupier chez le cardinal Charles de Lorraine qui le chassa pour avoir attrapé le mal de Naples (la syphilis). Son oncle profita du départ de Marie de Médicis pour s’en débarrasser en l’agrégeant à la suite de la future reine de France. Devinant l’importance que revêtait Leonora Galigaï pour Marie de Médicis, Concini tira parti du voyage pour séduire et épouser Leonora. Dès le règne d’Henri IV, Marie de Médicis l’engagea comme majordome et le chargea d’une mission officielle à Florence en 1606. Après quoi il acheta la charge de premier écuyer de la Maison de la reine. La reine fut la marraine du fils qu’il eut avec Leonora Galigaï, et le roi de leur fille.
ÉPERNON duc d’, NOGARET de, LA VALETTE seigneur de, Jean-Louis (1554-1642) : Favori du Roi Henri III, il fut l’un des Grands de France pendant trois règnes successifs, ceux d’Henri III, Henri IV et Louis XIII.
À moins de dix-neuf ans, Jean-Louis de Nogaret, seigneur de La Valette, faisait partie de ceux qui escortaient Monsieur (le futur Henri III, alors frère du roi Charles IX) au siège de La Rochelle. C’était en 1573, et ce fut devant La Rochelle que le futur Henri III commença à se constituer son groupe de fidèles dévoués, bientôt nommés ses mignons. Les pamphlets protestants les décriaient, les dénonçant entre autres comme sodomites, ce qui n’avait rien de surprenant les guerres civiles étant aussi des guerres de propagande, mais était loin de la vérité.
En 1588, date à laquelle débute ce roman, cela faisait plus de dix ans que le duc d’Épernon était favori du roi. Jadis, le duc de Joyeuse, le seigneur d’O et lui-même avaient fini par prendre le pas sur les autres mignons. Mais depuis la disgrâce d’O et la mort de Joyeuse, Épernon occupait toute la place dans le cœur du monarque qui l’avait éduqué et l’avait promu à une hauteur sans égale dans le dessein de maintenir les grands féodaux du pays dans une position subalterne. Sujet profondément loyal et fidèle qu’il affectionnait, Épernon était avant tout, pour le roi, un moyen de renforcer sa puissance mise à mal et un antidote à la menace des Guise. C’est pour cette raison que le souverain avait placé entre ses mains l’armée royale en le faisant colonel-général de l’Infanterie ; pour cette raison qu’il lui avait donné la liberté de sélectionner les Quarante-cinq qui assuraient sa protection. Épernon devait tout au roi. En contrepartie, il lui offrait sa vie et était devenu le bras armé protecteur du trône. Cette loyauté sans faille lui valait d’être attaqué de toute part. Son impopularité était à la mesure de sa puissance ; il avait tout de même rang juste après les princes du sang, avait tout pouvoir au Louvre, le roi lui confiait des missions délicates, exigeant compétence et dévouement absolu, l’avait autorisé à entrer au Conseil en 1579 pour s’y former, et Épernon était devenu l’âme du Conseil, recevait les requêtes adressées à Henri III et faisait les réponses. Même l’accès au prince était soumis à son accord.
Abordée dans ce roman, sa dispute avec Catherine de Médicis au cours des troubles de la Ligue résultait de leur différence de point de vue sur la tactique à adopter, mais pas seulement. Au moment où la reine mère proposait à Henri III de jouer les intermédiaires avec Henri de Guise, elle plaidait en même temps, et avec force, pour la disgrâce d’Épernon auquel elle ne cessait de s’opposer. Elle proposait de le remplacer par Guise en tant que conseiller principal du roi pour obtenir la paix avec la Ligue. De son côté, Épernon accusait Catherine de Médicis de sacrifier les intérêts du roi au profit de son petit-fils, fils de sa défunte fille Claude et du duc Charles III de Lorraine qu’elle souhaitait, disait-on, voir devenir l’héritier du trône à la place d’Henri de Navarre.
À la mort d’Henri III, Jean-Louis de Nogaret de La Valette n’avait pas immédiatement rallié Henri de Navarre. Pour se l’attacher, Henri IV lui accorda le gouvernement du Limousin et le duc rentra dans les rangs, plus puissant que jamais. Outre celui du Limousin, il possédait les gouvernements de Normandie, d’Angoumois, de Saintonge et d’Aunis, les places de La Rochelle, de Loches et de Metz. On l’appelait le demi-roi. Colérique et orgueilleux, Épernon compta toute sa vie de nombreux ennemis et Henri IV se méfiait de son caractère et de sa puissance. Tout en le ménageant, il chercha à lui rogner les ailes. Étant profondément catholique, Épernon redoutait la politique de guerre d’Henri IV, mais il demeura loyal. Le roi lui en fut reconnaissant. Le fait que, le jour de la mort d’Henri IV, Épernon se trouvât dans le carrosse parmi ses proches prouve la confiance du roi en Épernon.
GALIGAÏ Leonora (1568-1617) : Confidente et favorite de Marie de Médicis.
Fille d’un menuisier du palais de Florence, née Dianora Dori, elle fut employée comme demoiselle de compagnie pour dérider Marie de Médicis enfant, tel un nain ou un fou. Contrairement à ce qui se dit, elle n’était pas sa sœur de lait, sa mère n’ayant pas été la nourrice de la future reine de France. Elle avait cinq ans de plus que Marie de Médicis, l’esprit vif, et devint indispensable à sa maîtresse en lui rendant une multitude de services, en satisfaisant ses caprices et devançant ses désirs. Confidente, amie au point de la tutoyer en dépit de leur différence sociale, elle devint le mentor de la jeune Marie.
Dans les débuts de son séjour en France, Leonora ne s’enfermait pas chez elle, comme ce fut le cas plus tard. Elle paraissait volontiers à la cour, exigeant comme son mari les premières places, et elle remplissait assidûment ses fonctions de dame d’atours. Vers 1607, elle acheta d’un vieux gentilhomme de Florence désargenté le droit de porter un nom plus reluisant que celui de Dori : Galigaï.
Avec les années, son complexe sur sa laideur et ses soucis de santé la firent se replier sur elle-même. Les solliciteurs qui se pressaient à sa porte ne la voyaient que masquée. Elle ne supportait pas qu’on la regarde, elle avait peur d’être ensorcelée. Elle souffrait de graves troubles nerveux qui la conduisaient à des crises de nerfs, et de convulsions qui venaient sans doute de son hypernervosité. La médecine ne l’aida pas dans un premier temps, et elle se tourna vers la religion avec les messes, les prières, les processions et les pèlerinages, jusqu’à essayer de se faire exorciser. Ce fut finalement un médecin juif, Elie Montalto qui lui diagnostiqua un bulbus hystericus et lui prescrivit des soins qui la calmèrent.
GUISE duc de, Henri Ier de LORRAINE (1550-1588) : Troisième duc de Guise, prince de Joinville, surnommé « Le Balafré », prince issu d’une branche cadette de la maison de Lorraine.
Fils de François de Guise, Henri était l’héritier de la grande famille lorraine des Guise. Celle-ci était dangereuse pour la monarchie, de par sa fortune et son influence, mais également de par les charges qu’elle détenait. Si les Bourbons étaient les plus proches cousins du roi, la maison de Lorraine était la plus puissante parmi les titrés qui venaient après les princes du sang.
Dès le milieu du siècle, les Guise avaient endossé l’image de champions du catholicisme. Influent à la cour, Henri de Guise s’illustra en combattant les protestants et participa à la Saint-Barthélémy. En 1576, il prit la tête de la Ligue catholique et il s’opposa à l’accession au trône d’Henri de Navarre. Grâce à la réputation dont il jouissait de par les actes de son grand-père puis de son père, il chercha à peser sur la politique d’Henri III, et il attira dans ses troupes nombre de petits nobles fascinés par sa renommée. Il réussit à s’imposer comme un acteur avec lequel Henri III devait compter.
Mais il alla bien plus loin en signant avec deux ambassadeurs du roi d’Espagne un traité d’alliance, véritable acte de trahison. En 1585, toujours afin de manifester son refus de voir le roi de Navarre monter un jour sur le trône, il prit le contrôle de la province de Champagne à l’aide de complicités locales, ce qui lui permit de négocier en position de force avec le roi et d’obtenir de larges concessions.
Après la journée des barricades dont il est question dans ce roman, le duc de Guise devint le maître de Paris. Lui et son frère, le cardinal Louis de Lorraine, furent alors conviés par Henri III à rejoindre la cour (le roi n’avait pas le choix). Peu après leur arrivée à Chartres, les frères Guise suivirent la cour jusqu’à Blois. Ils avaient un plan : lors des états généraux, il déposerait légalement Henri III. Rien de plus facile dès lors que la majorité des assemblées serait ligueuse, ce que Guise arrangea grâce à ses nombreuses complicités. Le duc se voyait déjà sur le trône de France, au point que le 17 décembre 1588, lors d’un dîner, le cardinal de Guise avait osé porter un toast au nouveau roi, son frère.
Le roi fut acculé à faire exécuter Henri de Guise, sans jugement, la nuit du 22 au 23 décembre 1588. Il est resté dans les mémoires que le duc a été assassiné. Mais ce fut une exécution rendue inéluctable par les agissements de Guise lui-même.
HENRI III (1551-1589) : Roi de France de 1574 à 1589.
Après avoir vécu des années heureuses et insouciantes, il vit son enfance brusquée par la mort de son père, Henri II. Enfance qui se termina dans la rudesse et la cruauté des premières guerres de Religion. Comme ses frères, sa santé était chancelante. Il souffrit d’une fistule lacrymale du côté droit, sans doute d’origine tuberculeuse, qui mit ses jours en danger deux fois dans sa jeunesse, et il continua de souffrir d’autres accidents infectieux dans sa vie. Le futur Henri III était par ailleurs très beau, gracieux, on admirait son maintien, son intelligence et son amabilité. Lors des premières guerres de religion, il se distingua. Général heureux, prince associé au gouvernement de son frère Charles IX, il demeurait un cadet sous le contrôle d’une mère trop aimante, qui refusait de le laisser prendre seul son envol. Du fait de sa santé chancelante, il répugnait aux exercices violents telles la chasse et la guerre. Il préférait les activités intellectuelles parce qu’il était brillant, et parce qu’il les supportait mieux même si les intolérables migraines qu’il avait à endurer le rendait incapable, de manière intermittente, de s’adonner au travail.
C’est lui qui choisit son épouse, Louise de Lorraine-Vaudémont, qu’il avait rencontrée au cours de son étape en Lorraine alors qu’il partait pour la Pologne où il avait été élu roi.
Il instaura une étiquette pointilleuse pour tenter de discipliner ses courtisans, pour tenir sa noblesse. Les concessions qu’il accorda aux réformés firent naître à son égard la méfiance des fanatiques. Dès les années 70, des ligues s’étaient développées en Champagne, dans le Berry et dans l’Angoumois. Pour ne pas leur laisser de pouvoir, Henri III avait déclaré prendre leur tête, choisissant la confrontation directe avec les huguenots. Faute d’argent, les combats avaient cessé. À la mort de François d’Alençon, dernier frère du roi, les guerres avaient repris pour la raison qu’Henri III et la reine Louise n’ayant pas d’enfant, la couronne revenait à Henri de Navarre, chef de la minorité protestante, considéré par les ultra-catholiques comme hérétique et relaps. Dès lors, le duc Henri de Guise s’était placé à la tête d’une nouvelle ligue nobiliaire, la Sainte Ligue, destinée à superviser une véritable croisade contre les protestants, et à empêcher qu’Henri de Navarre ne monte sur le trône. Tout en faisant mine d’être loyal au roi, Guise n’avait pas hésité à signer un traité secret avec les envoyés du roi d’Espagne : contre de l’argent, il s’engageait à favoriser, en cas de décès d’Henri III, le couronnement du cardinal de Bourbon, oncle catholique d’Henri de Navarre. En 1588, le roi n’était pas en capacité d’endiguer le mouvement. Ne lui restait qu’à faire semblant de soutenir les ligueurs quand, en réalité, il cherchait à se rapprocher secrètement d’Henri de Navarre. Ce dernier, quoique heureux d’être traité en héritier présomptif et connaissant la sympathie à son égard du roi que lui-même respectait, refusait sa proposition de le rejoindre. Il redoutait les perfidies de la cour qu’il avait trop bien connue et ne voulait pas s’aliéner les protestants.
En définitive, Henri III régna, gouverna, administra, légiféra et réforma. Il dut s’arrêter à cause des révoltes. Il est à noter qu’Henri IV, Louis XIII, le cardinal de Richelieu et Louis XIV comptent Henri III comme précurseur dans leur lutte pour rabattre les prétentions des Grands.
HENRI IV (1553-1610) : Roi de France et de Navarre de 1589 à 1610.
Né à Pau, il était le fils d’Antoine de Bourbon, descendant du comte de Clermont, sixième fils de Saint Louis, et de Jeanne d’Albret qui tenait de son père, Henri d’Albret, le royaume de Navarre. Après une enfance entre le sud auprès de sa mère, et la cour des Valois, sa marche vers le pouvoir fut longue et lui demanda bien du courage. Par son règne exemplaire, par son intelligence, son amour des hommes, sa tolérance (concept qui n’existait pas à cette époque en matière de religion), il guérit la France ravagée par les guerres de religion et posa les jalons d’une politique et d’une économie nouvelles.
Il eut, de son mariage avec Marie de Médicis, six enfants : le futur Louis XIII, Elisabeth (future reine d’Espagne), Chrétienne (future duchesse de Savoie), Nicolas mort en bas âge, Jean-Baptiste-Gaston (futur duc d’Orléans que nous rencontrons dans le tome 2 alors qu’il est encore duc d’Anjou) et Henriette (future reine d’Angleterre).
Rompu à la politique depuis son plus jeune âge, très cultivé, il était d’une exceptionnelle intelligence, capable de saisir les situations les plus embrouillées, devinant les pensées ou les réactions de ses interlocuteurs. Dépourvu d’orgueil et de vanité, toujours mal habillé, sentant la sueur et l’écurie, il était économe, mais avant tout jovial, exubérant, empli d’humour et capable des réparties les plus mordantes. Exceptionnellement communicatif, bon compagnon, il avait aussi un caractère insaisissable, plus complexe qu’en apparence. Sa lucidité était empreinte de mélancolie. Il rechignait à envisager sa succession, pas seulement pas superstition mais parce qu’aucune solution ne lui convenait. Seuls pouvaient prétendre à une délégation de pouvoir Marie de Médicis ou les princes du sang, et il se demandait s’il devait redouter davantage l’incapacité de la première ou la déloyauté des autres.
Il est connu pour ses nombreuses aventures qui lui ont valu le surnom de Vert-Galant. Selon des historiens, sa folle passion pour Charlotte de Montmorency fut à deux doigts de mettre le feu à l’Europe ; selon d’autres, il avait déjà prévu de faire la guerre avant de tomber amoureux. Et ses contemporains avaient les mêmes divergences de vue : tous parlaient de la guerre à venir, mais pour les uns le roi allait à Bruxelles chercher sa maîtresse, pour les autres il voulait soutenir les réformés d’Allemagne et combattre l’empereur catholique.
Ce roi, tant aimé dans notre souvenir historique, fut en réalité environné de haines, et son œuvre de pacification était fragile car tout le monde lui en voulait : les Espagnols, les fanatiques, les protestants qui ne lui pardonnaient pas sa conversion, les jésuites qui lui reprochaient ses nouvelles alliances, ses anciens compagnons d’armes qui s’estimaient mal récompensés, les Grands dont il réfrénait les ambitions. Son assassinat perpétré par Ravaillac le 14 mai 1610 rappelle que nombre de Français haïssaient ce bon roi et avaient souhaité sa mort. Finalement, son trépas démontra qu’il était le ciment du pays, le rempart contre le danger, et que ses défauts l’humanisaient, lui qui savait se faire aimer de tous hormis des ultras des deux bords.
LORRAINE de, VAUDEMONT de, Louise (1553-1601) : Épouse d’Henri III, reine de France de 1575 à 1589.
Née au château de Nomény, fille de François de Mercœur, comte de Vaudémont, un cadet de la maison de Lorraine, elle était l’aînée des quatorze enfants qu’il eut de trois épouses successives. Elle n’avait qu’un an à la mort de sa mère, Marguerite d’Egmont, issue d’une grande famille des Pays-Bas. La seconde épouse de son père, Jeanne de Savoie-Nemours, fut pour elle comme une mère : affectueuse, s’occupant de lui donner une bonne instruction, l’introduisant à la cour de Nancy à ses dix ans. Mais à la mort de Jeanne, son père épousa Catherine d’Aumale, une femme dure et jalouse qui la confina dans l’isolement et la rudoyait.
Sa vie changea considérablement à la faveur de sa rencontre avec Henri d’Anjou, le futur Henri III qui fit étape en Lorraine lors de son voyage vers la Pologne. Il n’oublia ni sa beauté délicate, ni sa vertu, ni sa douceur, et la choisit lorsqu’il dut se marier, une fois devenu roi de France. Leur union fut le seul mariage princier du siècle où nulle considération politique n’entra en ligne de compte.
Toute leur vie, Henri et Louise eurent à affronter de pénibles difficultés, sans que jamais l’adversité ne parvînt à les éloigner. Il y eut d’abord la stérilité de leur couple qui constitua une véritable catastrophe, tant pour le souverain que pour le royaume (la reine fut enceinte au printemps 1576, mais une médecine lui fit faire une fausse-couche de laquelle découla une définitive stérilité). Politiquement, c’était la perspective d’une crise successorale, sans oublier le lien mystique unissant Henri III à son peuple qui s’en trouvait affecté. Le roi incarnait le royaume, dont la fécondité était à l’image de la sienne : un monarque stérile était présage de malheurs. À ce fléau, s’ajoutèrent les guerres de religion qui continuaient de déchirer les Français, et empêchaient le roi de mettre en œuvre ses réformes. Sans oublier les troubles causés par la Ligue du félon duc de Guise, qui paralysaient son entreprise de redressement et d’unification du royaume. Les incessantes trahisons mettaient en danger tant sa propre vie que la monarchie elle-même.
La douce et timide Louise de Lorraine sut se montrer courageuse et hardie au moment de la journée des barricades. Retenue à Paris par la force après la fuite de son époux, elle n’eut pas peur de franchir les barricades et d’affronter Guise pour lui demander en face ce qu’il avait dans la tête pour refuser toutes les offres du roi, s’il voulait lui faire la guerre. Elle priait et communiait plus que Catherine de Médicis, mais il semblerait qu’elle pleurait moins, et surtout elle oubliait d’être malade. Après avoir rejoint son époux à Chartres, Mantes puis Blois, elle le soutint de tout son amour.
Malgré les tempêtes qu’ils eurent à traverser, Louise et Henri restèrent toujours unis. Et ce, même après l’assassinat du souverain par le fanatique moine Jacques Clément. Louise passa le restant de son existence à se battre pour réhabiliter la mémoire de son bienaimé époux.
MÉDICIS de, Marie (1575-1642) : Reine de France de 1600 à 1610, régente de 1610 à 1614 puis chef du Conseil du roi jusqu’en 1617.
Née à Florence, Marie de Médicis était la dernière fille de Jeanne d’Autriche, petite-nièce de Charles Quint, et de François Marie Ier, prince de la Renaissance raffiné, sombre et violent, remarié avec sa maîtresse adulée, Bianca Cappello. Marie reçut un enseignement digne de son rang, mais elle était plutôt attirée par les plaisirs de la table, par la danse et la musique.
Femme blonde, vigoureuse, aux formes opulentes, le visage un peu empâté, elle avait l’orgueil hautain et un esprit d’autorité. Avant la mort d’Henri IV, elle n’avait aucun goût pour la politique. Elle prisait son état de reine, et ne recherchait pas les responsabilités. Henri IV avait voulu l’initier aux affaires, mais elle s’était bouché les oreilles. Molle, paresseuse, elle avait refusé d’assister aux conseils deux fois par semaine comme son époux le lui avait proposé.
PORTE de La, Suzanne (1551-1616) : Épouse de François de Richelieu.
Fille d’un important avocat au parlement de Paris, elle fut mariée à François de Richelieu dont elle eut six enfants. Après la mort de son époux, le repli sur les domaines poitevins de la famille lui permit tout juste de nourrir sa famille à la faveur des ressources locales. Veuve à trente-neuf ans, avec six enfants échelonnés de douze à quatre ans et de lourdes dettes, elle dut abandonner l’hôtel de Losse à Paris, bientôt vendu par les créanciers. Il fallut vivre petitement et dans de perpétuels procès à cause d’une succession qui ne fut soldée qu’en 1624, par le désormais cardinal de Richelieu.
Elle mourut au moment où Armand Jean était nommé par Concini au gouvernement. Henri put faire retarder les obsèques pour y assister, mais Armand Jean, pris par les affaires d’état, ne put quitter Paris.
RICHELIEU seigneur de, PLESSIS du, François IV (1548-1590) : Père d’Henri de Richelieu. Militaire, prévôt de l’Hôtel et grand prévôt de France.
Fils de Françoise de Rochechouart, il épousa Suzanne de La Porte à l’âge de vingt-et-un ans, elle en avait dix-huit. Il fut prévôt de l’Hôtel, grand prévôt de France, grand chambellan et grand maître de France, capitaine des gardes du corps du roi et chevalier des ordres du roi.
Le prévôt de l’Hôtel jugeait les causes civiles, les conflits sur les prix, sur les livraisons, sur les qualités des marchandises, et souvent « souverainement » les causes criminelles. Il était également en charge de la police du logis du roi (meurtres à la porte du logis royal, tentatives d’empoisonnement à la cour, etc), il jugeait les causes civiles et criminelles pour les domestiques et les officiers de la Maison de Sa Majesté, ainsi que pour tous ceux qui suivaient la cour. Quand la cour voyageait, il était responsable de fournir à tout ce monde de quoi manger et d’assurer les nécessités de la vie. À chaque déplacement, il se rendait deux jours avant le roi sur les lieux pour tout organiser. Homme de main du roi, exécuteur impitoyable de ses ordres, François du Plessis de Richelieu fut profondément haï, notamment parce qu’il se montra énergique dans l’exercice de ses fonctions. Partout où il allait, il exécutait. Pourtant, il ne participa pas à l’exécution du duc Henri de Guise, le Balafré, au château de Blois. Ce fut l’œuvre de la garde personnelle du roi Henri III.
Après l’assassinat d’Henri III par le moine Jacques Clément, François de Richelieu se rallia immédiatement à celui que le défunt avait désigné comme son successeur selon la loi salique : Henri de Bourbon, roi de Navarre. Il le servit avec la même fidélité. Jusqu’au bout il combattit pour Henri IV qui lui octroya, en 1590, la charge de premier capitaine de ses gardes. Mais épuisé par ses courses perpétuelles, François de Richelieu, quinze jours après sa promotion, fut saisi de fièvre dans le camp royal à Gonesse. Il mourut le 10 juin 1590, à quarante-deux-ans.
S’il laissa tant de dettes à sa famille, c’est que sa condition lui imposait des dépenses élevées et inévitables. Il devait faire des avances au roi pour ses fonctions, et devait donc emprunter beaucoup car il touchait mal et irrégulièrement ses gages. Par ailleurs, ses terres avaient été ravagées par le passage des armées.
RICHELIEU marquis de, PLESSIS du, Henri (1580-1619) : Fils de François de Richelieu et de Suzanne de La Porte, frère aîné du cardinal de Richelieu.
Enfant, Henri était déjà le petit courtisan modèle, beau de visage et fier d’allure. La mort de son père brisa toutes les espérances des siens, mit à mal sa destinée jusque-là toute tracée, mais participa dans le même temps à forger un homme déterminé. Si les Plessis de Richelieu n’étaient pas tombés dans la ruine complète, ils avaient connu une lourde chute de niveau de vie, et les enfants devinrent adultes auprès d’une mère et d’une grand-mère obsédées par le souvenir de leur splendeur perdue. Ce fut grâce à l’oncle Amador de La Porte qu’Henri et ses frères purent faire leurs études au collège de Navarre, à Paris.
À la faveur du souvenir laissé par François de Richelieu à Henri IV, et grâce à l’influence des Rochechouart du côté de sa grand-mère, Henri devint page à la cour. Mais il n’était alors qu’un page parmi tant d’autres. Lui incombait la charge de renouer les liens tissés par son père. En 1598, vers dix-huit ans, il devint gentilhomme ordinaire du roi avec une pension annuelle de 3000 livres, puis il fut nommé maître de camp du régiment de Piémont. Il refusa l’héritage de son père sur le conseil de son oncle, et obtint d’Henri IV des lettres royales d’émancipation lui permettant d’agir en son nom propre, et non comme fils aîné et héritier. Ainsi put-il racheter à son compte des créances à des créanciers découragés par la longueur des délais, et récupérer peu à peu les terres et seigneuries des Plessis de Richelieu.
Dans L’homme rouge, Roland Mousnier rapporte qu’Héroard, médecin du futur Louis XIII, avait noté dans son journal du 16 avril 1609 qu’Henri de Richelieu plaisantait avec Louis, le dauphin. Vif, brillant, aimable, il était, à la cour d’Henri IV, puis sous la régence de Marie de Médicis, l’un des seigneurs qui donnaient le ton et réglaient la mode. C’est grâce à son influence que son frère cadet, Armand Jean, fut nommé évêque de Luçon en 1606, à vingt ans alors qu’il en fallait vingt-cinq. C’est encore grâce à Henri qu’au moment d’organiser la maison de la jeune reine Anne d’Autriche qui avait besoin d’un aumônier, Armand Jean fut choisi par la reine mère.
La mort d’Henri IV, qui connaissait et aimait les Plessis de Richelieu, fut un nouveau coup dur qui aurait pu ruiner la situation et les espoirs de la famille. Henri fit face avec énergie et habileté, et s’attacha la reine mère jusqu’à devenir l’un de ses familiers et de ses conseillers. Il se fit en réalité appeler marquis de Richelieu à cette époque. En 1616, lorsque la reine mère se fit prêter un serment particulier de fidélité par dix-sept seigneurs, il faisait partie du nombre.
Dans sa biographie sur le cardinal de Richelieu, Roland Mousnier note qu’il semblerait que le marquis de Richelieu et son cadet n’aient prêté attention qu’à la reine mère et à ses favoris, les Concini, ignorant le roi qui passait à la cour pour un enfant attardé, fait surprenant chez les fils du grand prévôt de France attaché directement à la personne de deux rois.
Relégué en Avignon avec son frère et son beau-frère en avril 1618, Henri ne connaissait pas la durée de son exil. L’accueil sur place fut froid. Les trois hommes furent surveillés par les agents du roi et tenus à distance par la majeure partie du clergé local. Ce fut le décès de son épouse, suivi deux mois plus tard par celui de son fils, qui valut à Henri et à son beau-frère l’autorisation de rentrer en France – autorisation refusée à Armand Jean.
Ce qui est relaté de son duel avec le marquis de Thémines dans le tome 2 de ce roman est historique, hormis, bien évidemment, la partie relative à la drogue d’Alexandre, qui lui n’a pas existé.
RICHELIEU cardinal-duc de, PLESSIS du, Armand Jean (1585-1642) : Troisième fils et cinquième enfant de François du Plessis de Richelieu et de Suzanne de La Porte, dernier frère d’Henri de Richelieu. Évêque de Luçon, puis cardinal de Richelieu.
Enfant menu et fragile, il fut baptisé huit mois après sa naissance en raison de sa faiblesse.
Devenu évêque grâce à l’aide de son frère Henri, Armand Jean avait le privilège de paraître à la cour et même d’entrer au Conseil du roi. Le jeune évêque de Luçon ne cacha pas son ambition précoce, et son frère Henri dut à plusieurs reprises le refreiner dans des initiatives intempestives, notamment des offres de service qu’il adressait servilement aux reines, ministres et secrétaires d’état. Pendant ses années à Luçon, le moindre prétexte fut bon pour monter à Paris où il avait peur d’être oublié. Son intelligence était connue, et le pape Clément VIII se serait même écrié, après avoir appris qu’il avait menti sur son âge pour être plus tôt évêque : « Questo giovane sara un gran furbo ! » (ce jeune sera un grand coquin/ très habile, furbo ayant un double sens).
Les frères et sœurs d’Henri et Armand Jean :
RICHELIEU de, PLESSIS du, Françoise (1578-1615) : Sœur aînée d’Henri et Armand Jean du Plessis de Richelieu. Première fille de François de Richelieu et Suzanne de La Porte.
RICHELIEU de, PLESSIS du, Isabelle (1581-1648) : Deuxième fille de François de Richelieu et Suzanne de La Porte.
RICHELIEU de, PLESSIS du, Alphonse (1582-1653) : Quatrième enfant et second fils de François de Richelieu et Suzanne de La Porte, il fut archevêque de Lyon.
RICHELIEU de, PLESSIS du, Nicole (1586-1635) : Dernière enfant de François de Richelieu et Suzanne de La Porte.
SULLY duc de, BÉTHUNE de, Maximilien (1559-1641) : Maréchal de France, principal conseiller d’Henri IV.
Sa famille ruinée par les guerres civiles, il avait commencé sa carrière comme page du roi de Navarre. Au fil des années, il devint son conseiller le plus écouté. Protestant qui avait survécu par miracle à la Saint-Barthélémy, sérieux, intègre, Sully était un grand travailleur et un homme avisé. Complices intellectuellement et politiquement, Henri IV et lui demeurèrent unis en dépit de multiples cabales montées pour se débarrasser de Sully. Ensemble, ils redressèrent le pays ruiné par les guerres de religion, et c’est en matière de finances publiques que leur œuvre fut le plus remarquable.