ARTICLE – Île de La Réunion, la cascade de Sainte Suzanne par Irène Chauvy

Île de La Réunion

La cascade de Sainte Suzanne

Cascade_Niagara_à_Sainte-Suzanne_La_Réunion-Eddy Legros-Aricle Irène Chauvy-Gaelis Editions« C’était un lieu paisible où j’aimais à venir.
La fraiche vision hante mon souvenir.
Enclos de trois côtés par de hautes collines (…)
Une cascade, au fond, de ses eaux cristallines
Baigne les rochers noirs, éparpillant dans l’air
Sa poussière d’écume en blanches mousselines
Au pied des blocs abrupts, dans sa chute sans fin,
L’eau tombe et s’élargit en un vaste bassin
Où s’alimente et dort la rêveuse rivière (…) »[1]

Qui pouvait mieux que le poète Auguste Lacaussade[2], natif de l’île de La Réunion, décrire la quiétude que nous offre la cascade de Sainte-Suzanne ; du moins tant que les cyclones et les pluies diluviennes ne s’emparent pas d’elle. La cascade devient alors chute vertigineuse, cavalcade folle faisant résonner sa colère infernale sur ses flancs déchiquetés.

Elle est appelée cascade Niagara depuis le XXe siècle, car son déferlement fait naturellement penser aux chutes du Niagara de l’Amérique du Nord, toutes proportions gardées, bien entendu.

Elle est située à moins de vingt kilomètres de Saint-Denis et à deux du quartier de Sainte-Suzanne (ainsi se nommaient les villes). Quant à la hauteur de la cascade elle-même, peu s’accordent sur sa hauteur, nous dirons entre 35 et 50 mètres ?

La Réunion fourmille de cascades où le regard s’amuse à suivre leur chute jusqu’au fond des ravines. Ainsi, aussi emblématique que la cascade Niagara, celle dite du voile de la mariée, sur la route qui mène à Salazie, vaut de s’arrêter en bord de route pour l’admirer.

Mais celle de Sainte-Suzanne est une des rares cascades de l’île dont on peut s’approcher en voiture.

Pour s’y rendre, le site randopitons.re (entre autres) vous donnera de courtes, mais claires explications que j’aurais dû lire et relire, compte tenu du nombre de fois où j’ai tourné en rond avant de la découvrir en suivant le bruit de ses eaux tumultueuses.

En effet, elle n’est pas facile à découvrir, nous devons aller la chercher loin derrière des champs de canne. C’est au bout d’une route étroite qu’elle nous apparaît, impériale et fascinante. Il faut la saluer, s’asseoir sur un long parapet en fin d’après-midi pour se laisser aller à la sérénité en période de sécheresse lorsqu’elle nous offre des filets d’eau, ou pour se procurer une dose d’adrénaline quand elle gronde après de fortes pluies.

Carte île de la Réunion-A l'ombre des sucrières-T6 des Enquêtes du Capitaine Allonfleur-Irène Chauvy-Gaelis Editions
Carte de l’Île de la Réunion-À l’Ombre des sucrières-Tome 6 des Enquêtes du Capitaine Allonfleur-Irène Chauvy-Gaelis Editions- © Dessin de Pierre Passet

Attention, conduisez doucement durant l’époque de la manipulation, c’est-à-dire de la coupe de la canne à sucre. Vous risquez de vous retrouver nez à nez avec un cachalot ! À La Réunion, les camions à remorque de dix-huit mètres de long, qui apportent les cannes à sucre coupées jusqu’aux usines sucrières, sont surnommés de façon curieuse « cachalots » . Ils ont remplacé les charrettes tirées par des bœufs au XIXe siècle. Vous verrez les coupeurs au milieu des plantations trimant sous le soleil et la chaleur humide. Comme l’apprendra Hadrien Allonfleur : la manipulation est un travail harassant, car la feuille de la canne est épaisse et acérée, et sa poussière se colle à la peau.

Revenons-en à la cascade de Sainte-Suzanne, c’est un lieu de piquenique apprécié par les familles réunionnaises. Quand viennent le week-end et les vacances, ils s’y installent la journée avec marmailles et gra’mounes sur la berge de gravier, même si l’ombre est rare et les moustiques pressants.

Au pied de la cascade, le bassin est lisse, mais s’y baigner peut être dangereux. L’eau atteint en certains endroits six mètres de profondeur et les algues y trouvent refuge. En 1998, pris d’un malaise, un homme s’y est noyé.

La population réunionnaise est accueillante. Les sites, les livres, des photographies sur l’île de La Réunion sont légions et beaux : sur les randonnées, les lieux, la flore… le curieux, la curieuse, ceux et celles qui veulent se rendre à La Réunion n’auront que l’embarras du choix.

[1] Internet Archive

[2] (1871-1897)

La série des Enquêtes du capitaine Hadrien Allonfleur par Irène Chauvy

En savoir plus surÀ l’Ombre des sucrières” tome 6 des Enquêtes du Capitaine Allonfleur

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