L’ Armée Britannique du XVIIIe siècle
Durant tout le XVIIIe siècle, l’armée britannique est l’une des plus rigoureuse et organisée qui existe. Elle est redoutée mais connaît de nombreux changements, à la faveur des différents conflits (guerre de succession d’Espagne, guerre de succession d’Autriche, guerre de Sept Ans, guerre d’indépendance américaine). Régulièrement envoyée sur le continent pour livrer bataille, l’infanterie servait aussi de force intérieure pour le maintien de l’ordre.
L’uniforme des redcoats
En Angleterre, l’uniforme est standardisé avec la New Model Army mise sur pied par Cromwell en 1645, mais la couleur rouge était déjà largement répandue en raison d’un prix de revient très bas pour des étoffes de cette couleur.
Peu de représentations de la première moitié du XVIIIe siècle montrent la réalité de cet uniforme, mais l’allure générale du soldat est assez conforme à la mode civile de l’époque. C’est l’ouvrage intitulé 1742 Book (ou Clothing Book ) qui constitue l’une des meilleures sources d’informations.
Le couvre-chef de l’infanterie, foot guard, d’abord simple chapeau à bord rond, se métamorphose en tricorne en relevant les bords. Le soldat le porte de côté afin de faciliter la manœuvre du fusil.
Il est à noter que les fusiliers et les grenadiers portent la mitre, soldats du rang, comme officiers.
Les uniformes fournis sont particulièrement inconfortables, et le soldat n’hésite pas à l’adapter afin de gagner en praticité. La redingote régimentaire, rouge écarlate, est la pièce majeure. Elle possède une boutonnière de neuf à douze rangs selon la taille du soldat. Les revers peuvent être agrémentés de couleurs du régiment (vert, jaune, bleu…). Une paire de culottes (blanches ou rouges selon le régiment), une paire de guêtres grises, marron ou blanches (puis noires vers 1760), un gilet généralement blanc et une chemise blanche complètent l’ensemble.
Chaque homme doit se charger de transporter et entretenir son matériel contenu dans un havresac.
La flamboyance de l’uniforme est un élément majeur de l’enrôlement des soldats, habitués aux vêtements ternes portés par les civils. Ainsi les redcoats suscitaient un grand intérêt, en particulier chez la gent féminine…
La discipline
La vie des soldats, rude et difficile, est marquée par une discipline sévère et des sanctions impitoyables. Que ce soit pour des heurts entre hommes du rang, des jeux d’argent, des faits d’alcoolisme ou des conflits en lien avec la prostitution, les châtiments corporels sont monnaie courante. Les officiers, membres d’un jury, condamnent les soldats pour des faits plus ou moins graves. Brimades, coups, flagellation, voire condamnation à mort, la violence est extrême. Les châtiments corporels ont toujours lieu en public afin de décourager les autres soldats.
La désertion est l’une des infractions les plus courantes. Le fautif est généralement pourchassé puis marqué au fer rouge avant d’être réintégré. Après avoir subi son châtiment, le soldat ne subit aucun discrédit et rejoint sa troupe, ayant payé pour ses erreurs.
Cependant, en cas de récidive, il peut être exécuté par pendaison ou fusillé.
C’est grâce à cette rigueur militaire que les Britanniques ont conquis un empire, l’un des plus puissants du 18e siècle.
Les conditions de vie sur le camp
En dehors des périodes de guerre, les troupes sont stationnées dans une caserne ou, plus généralement, sur un camp établi. Le confort est spartiate et l’équipement minimum. L’ensemble du campement ayant pour but d’être déplacé, rien n’est construit en dur. Pour environ 800 hommes, il fallait compter 160 tentes classiques et une douzaine de tente cloches. Le camp doit être impérativement établi près d’une source d’eau et des latrines doivent être creusées à proximité. L’espace personnel est réduit au strict minimum, la promiscuité est ainsi une source récurrente de conflit.
La nourriture quotidienne se compose de pommes de terre, de bouillon de bœuf, de ragoût et de tourtes à la viande. La ration alimentaire fournie peut être complétée, à la charge du soldat. Mais les problèmes d’approvisionnement, les vols et les pénuries rendent aléatoires les expéditions de nourriture. Il n’est pas rare que des hommes, parfois issus de la paysannerie, cultivent eux-mêmes quelques légumes ou profitent de moments de repos pour chasser et cueillir.
À la nourriture se rajoutent du rhum, souvent dilué avec de l’eau pour éviter l’ivresse et de la bière (cinq pintes par jour et par homme en moyenne). Elle est, par ailleurs, utilisée pour tuer les germes et réduire les maladies. L’alcool est consommé généralement en fin de journée, afin de se détendre et de renforcer l’esprit de camaraderie.
Les soldats en stationnement sont aussi de bons clients pour les commerçants locaux. Il est assez illusoire d’établir le montant de la solde d’un homme du rang en comparaison de notre vision moderne. Elle diffère fortement selon le grade et le régiment (un fantassin est moins bien rémunéré qu’un dragon et a fortiori qu’un cavalier).
Les hommes du rang ne sont pas considérés comme des privilégiés, gagnant sensiblement le même salaire qu’un simple ouvrier. Par ailleurs, les sollicitations des filles de joie, les jeux d’argent et l’achat de denrées complémentaires ne favorisent pas les économies. Le soldat britannique se retrouve finalement sans le sou quand sa carrière prend fin… a fortiori s’il termine mutilé.
Sources documentaires :
Funcken L. F., L’Uniforme et les armes des soldats de la guerre en dentelle, Tome 1 et 2, Casterman, 1976
McNab C., Soldat : le quotidien du soldat à travers l’histoire de la guerre de sept ans à nos jours, L’imprévu, 2016
Sites : herodote.net et cairn.info